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Itinéraire d'un jeune homme passionné
Né le 24 juillet 1931 à Nantes, Éric Tabarly partage la passion paternelle pour la navigation. Il a 7 ans lorsque son père achète le Pen Duick, la « petite tête noire », ou mésange en breton, voilier classique conçu en 1898 par l’architecte anglais William Fife. Mais la guerre laisse le bateau à l'abandon. En 1949, Pen Duick est dans un tel état que Guy Tabarly envisage de le vendre au prix du plomb de sa quille. C’est sans compter sur l’obstination d’Éric, prêt à tout pour le garder.
En 1952, il intègre l’aéronavale et se porte volontaire pour le Vietnam pour voir du pays et gagner la solde qui lui permettra de restaurer le bateau.
Alors que l’élégant cotre noir s'avère irréparable, Éric Tabarly fait preuve d’une audace exceptionnelle : il moule sur la coque bois d’origine une coque neuve en stratifié polyester au chantier Costantini proche de La Trinité sur Mer. Une prouesse technique. En 1959, Pen Duick renaît et navigue à nouveau.
Alors que l’élégant cotre noir s'avère irréparable, Éric Tabarly fait preuve d’une audace exceptionnelle : il moule sur la coque bois d’origine une coque neuve en stratifié polyester au chantier Costantini proche de La Trinité sur Mer. Une prouesse technique. En 1959, Pen Duick renaît et navigue à nouveau.
Un talentueux compétiteur de course au large
En 1960, il quitte l’Aéronaval pour rejoindre la Marine. « Intelligence moyenne. Peu travailleur. Excellent marin », observe-t-on sur son dossier de l'École Navale. Si ses supérieurs le reconnaissent peu enclin à suivre la discipline militaire, ils voient en lui de grands talents de régatier. Une aubaine pour la représentation française ! Détaché à temps plein par la Marine Nationale, il court les océans et s’entraîne assidûment pour les courses anglaises du RORC (Royal Ocean Racing Club), accompagné de jeunes appelés qui deviendront pour la plupart de grands marins.
En 1964, il se lance dans la Transat anglaise (OSTAR), traversée de l’Atlantique en solitaire dont les Anglais détiennent la suprématie. Avec l’aide de ses amis architectes Costantini, il conçoit Pen Duick II, un monocoque de 13,60 mètres. Jusqu’alors inconnu du grand public, le jeune officier de marine remporte la victoire avec presque trois jours d’avance devant le favori anglais Sir Francis Chichester. En quelques jours, une légende est née. Décoré de la légion d’honneur par le Général de Gaulle, sportif humble et talentueux, Éric Tabarly fait rêver les Français.
Ses incessantes innovations, son exigence et ses intuitions de marin lui font remporter 7 victoires sur Pen Duick III puis la Transpacifique en solitaire sur Pen Duick V en 1969 avec 10 jours d’avance sur les concurrents. En 1976, à la barre de Pen Duick VI, prévu pour un équipage de 14 personnes, et malgré des conditions très difficiles, il remporte de nouveau la Transat anglaise devant Alain Colas et son Club Méditerranée de 72 mètres. Il est alors porté en triomphe sur l’avenue des Champs-Elysées. Convaincu que l’avenir de la navigation appartient aux multicoques, Éric Tabarly met au point le trimaran Pen Duick IV en 1968. C’est sur un autre trimaran équipé de foils, le Paul Ricard qu’il battra le record de l’Atlantique nord en 1980 et gagnera la Transat Jacques Vabre de 1997 avec Yves Parlier.
Éric Tabarly, un inestimable héritage.
« La mer l'a pris, elle ne l'a pas volé. Elle est la matrice, elle est source de vie ». Ce sont les mots de son épouse Jacqueline après sa disparition en Mer d’Irlande dans la nuit du 12 au 13 juin 1998, alors qu'il convoyait Pen Duick en équipage, pour un rassemblement de voiliers de plans Fife en Écosse.Marin de génie, Éric Tabarly a transformé avec audace la voile classique en sport de compétition, et pensé ses bateaux pour la performance, multipliant les innovations. Avec lui, la France a découvert le monde maritime, il aimait ce lien que représente le bateau, entre la mer et les hommes, et a su de son vivant transmettre aux jeunes sa passion. Toute une génération de navigateurs s’est formée à son bord, comme sa fille Marie qui a récemment repris la barre de Pen Duick VI pour le projet Elémen'Terre.
